La redécouverte de la féminité lorsqu’on est privée des codes sociaux dont on usait sans même plus s’en rendre compte, nécessite de rapprivoiser sa féminité. Cela se passe souvent dans un certain isolement, ou dans certain un silence . Les femmes se retrouvent seules perdues devant ce changement dont l’athanor est leur corps.
Les seins, vécus comme un code social véhiculant la séduction, leur sont enlevés, parfois elles se retrouvent le torse plat comme à l’époque pré-pubère, parfois elle demandent une « reconstruction » et affichent un volume bardé de cicatrices, quand elles en ont la possibilité elle se font tatouer des aréoles. Mais dans tous les cas ces étapes s’apparentent souvent à de la torture. Ce qui me fait placer ces événements sous le signe des sacrifices païens.
Elles se retrouvent mutilées, qu’on leur enlève leurs seins, leurs matrices, alors elles ne savent plus à quel saint se vouer. C’est peut être un jeu de mot incongru, , mais ce qui est certain il met en valeur l’inadéquation entre devoir revisiter ses propres codes et n’en plus trouver à l’extérieur, comme un double abandon. Ce dieu unique n’apporte pas de réponse à cette nouvelle féminité, ne dit pas comment l’apprivoiser, n’apporte pas de réponse à « comment être femme sans passer par la case de la maternité ».
Deux questionnements surgissent:
- Quelle est ma part de séduction, est-ce que sans ces attributs que sont les seins je peut encore plaire à un homme, faire des rencontres, aborder ma nudité et l’offrir à l’autre.
- Et si je ne peut plus être une mère qui confectionne un petit humain en son sein (sic !), si je ne peut le nourrir, alors quelle femme je suis si je ne suis pas une mère d’abord…
On ne reconnait qu’un seul Dieu, et on ne lui fait plus vraiment confiance. À notre époque un peu perturbée par des changements de base et de valeurs, beaucoup de femmes sont amenées à vivre des épreuves plus bouleversantes encore. Dans ce contexte socio-culturo-religieux en désordre, elles vivent aussi une grande onde de choc interne qui les amène à revisiter les bases de leur féminité en traversant l’épreuve du cancer.
Voilà une déesse animale, aux seins troués laissant apparaitre un corps intérieur lumineux.
- Ce corps aux formes puissantes, pleines, est surmonté d’une tête sans âge, celui des premières représentations de l’humain ce long trait qui sépare le visage dans sa longueur, est celui des premières déesses mères.
Son visage est celui des déesses tutélaires de la préhistoire. Elle vient de Cinfaes au portugal. On peut lire ici des descriptions des stèles anthropomorphes surtout françaises, mais elles sont de même époque.
Sinon je vous recommande la lecture de ce livre
- Son masque de taureau lui donne son nom le bucrane. Rappelle les victimes offertes en sacrifice aux dieux au néolithique.
- Elle tient dans sa main une barque blanche d’où l’eau goutte encore glissant entre ses doigts pour tomber sur ses genoux.
- Elle est assise sur ces maisons archaïques les temples taurins de l’incroyable cité turque du néolithique (9500 ans av JC). sur ce site on y apprend que l’on rentrait par le toit dans ces maisons collées les unes contre les autre. Ils enterraient leurs morts sous leurs planchers, ils pouvaient être jusqu’à une trentaine. Des os d’animaux étaient intégrés dans les murs en plâtre, et des peintures essentiellement de taureaux et léopards (représentation du volcan: la montagne du léopard) et des formes abstraites les ornaient.
La signification de « bucrane » est supposée rappeler les victimes offertes en sacrifice aux dieux. Étymol. et Hist. a) et (Boiste : Bucrane casque fait en tête de bœuf). De plus amples explications se trouvent sur questions autour du bucrane.
En recherchant plus de photos pour alimenter cet article, j’ai découvert cette sculpture qui a beaucoup de similitude avec ma mienne (je devrais dire l’inverse !). Elle est magnifique !
Ce type de féminité est très caractéristique du néolithique. Sur cette page on peut en voir d’autres découvertes sur le site de Çatalhöyük :
On y apprend qu’elles n’étaient probablement pas des déesse de la fertilité, mais plutôt des objets sans trop d’importance (?) : on en retrouve plein sur des tas d’ordure !… Et quelques unes – comme celle-ci dans des tombes. Etaient-ce des poupées? On suppose qu’elles étaient la représentation de certaines personnes vénérées plutôt que des déesses.
Ce site est le plus documenté sur les fouilles, on y a accès à tout le catalogue des « objets, matériaux… trouvés dans les fouilles. Des explications simples et claires sur ce site des premiers sédentaires au monde.